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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

Et la France n’a-t-elle pas retenti du nom de Galotti ? Compromis dans ces mêmes troubles dont j’esquisse ici quelques traits, et réfugié en Corse, il fut arraché du sol libre de France, et livré aux vengeances de Naples sans que l’ambassadeur s’élevât contre cette violation du droit des gens. Il gémit long-temps dans les cachots, et ne fut rendu à une tardive liberté que lorsque l’indignation de l’opposition française, devenue publique, eût intimidé la colère du roi de Naples.

Certes, je ne rappelle point ici la part que le duc de Blacas semble avoir eue dans les conseils de ce monarque, pour insulter à un homme en disgrâce, ni à la dynastie déchue qu’il représentait. Loin de moi un motif aussi bas ! Je rapporte des faits qui appartiennent au domaine de l’histoire et que j’ai recueillis sur place[1].

Je les ai dits pour apprendre à la France que, compromise par ses ministres, elle a pu passer aux yeux de l’étranger pour complice de l’iniquité et de la violence ; je les ai dits pour apprendre aux gouvernements à ne pas choisir des représentans dont la nation ait à rougir, et dont ils aient à se repentir eux-mêmes. Tout autre motif serait un outrage à mon caractère.

Cependant l’insurrection du Cilento semblait prendre un caractère plus sérieux que le gouvernement ne l’avait prévu, car la mine pratiquée par l’assiégeant

  1. Voici un fait qui prouve l’opinion qu’on avait à Naples du duc de B. Lorsque l’intendant calabrais de Mattheis, dont j’ai rappelé ailleurs les excès et les cruautés, fut appelé sur le banc des accusés, il se recommanda, par une circulaire, aux ambassadeurs des grandes puissances comme ayant agi dans les intérêts et les principes de la sainte-alliance. L’ambassadeur de France fut un de ceux dont il réclama la protection, comme si la France et la sainte-alliance devaient être confondues dans une communauté de principes et d’intérêts. — Ce fait m’a été raconté à Naples l’année dernière.