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LES CAPOZZOLI.

qui voulait se défaire de quelques hommes suspects de carbonarisme.

Si offensant que soit un pareil soupçon, je le crois fondé, et il paraîtra tel à quiconque est initié dans les allures tortueuses de la cour de Naples et connaît ses habitudes d’immoralité. Des données recueillies sur les lieux n’ont fait que justifier cette opinion.

Il est prouvé, par exemple, que cette révolte, concentrée dans le Cilento, n’avait pas de ramifications en dehors de la province. Cependant le ministère feignit d’y voir un grand projet de soulèvement national, et sous le frivole prétexte de complicité, fit de nombreuses arrestations jusque dans l’Abruzze.

D’ailleurs, c’est la tactique du cabinet napolitain. Punir les délits dont il est l’auteur, lui semble le nec plus ultrà de la politique, le secret du gouvernement, et depuis dix ans, il exploite à son profit cet odieux système de provocation.

Le duc de Blacas était alors ambassadeur de France à Naples, et son nom est mêlé à ces trames sanglantes ; je dis sanglantes, car le sang a coulé. Il est accusé d’avoir été le conseiller du roi, et d’avoir poussé aux vengeances une cour déjà si implacable dans ses haines : « Sire, il faut des têtes ! » est un mot que lui prêta alors la voix publique. L’a-t-il prononcé ? Je l’ignore ; mais ce que je sais, c’est que des cris accusateurs s’élevèrent contre lui ; que son intervention passait pour fatale, et que d’un ministère grand et national, il avait fait un instrument de passions et d’injustice.

Jamais un Français soupçonné d’opinions libérales n’a trouvé appui et protection chez l’ambassadeur de son roi contre les vexations de la police napolitaine. J’en appelle à Naples tout entière.