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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

de leurs maîtres ; le voile vert ne met plus les dames franques en danger d’être lapidées.

Au résumé, l’Orient n’est plus que dans nos tableaux : on voit un peuple qui se déshabille, vêtemens et mœurs ; ce n’est pas le beau moment pour l’admirer. Attendons qu’il soit devenu entièrement européen.

Remarquez ensuite qu’il n’y a plus guère d’autre art que l’architecture, que cet art est cultivé traditionnellement par des entrepreneurs et des maçons ; que la poésie est toute arabe ou persane, et que la littérature n’est cultivée que par les conteurs de café et les graveurs de cachets ; que la police utile des voyers est inconnue ; que l’industrie et le commerce sont morts, bien que fasse Mustapha-Pacha ; que les importations surpassent de plus d’un dixième les exportations ; que la Turquie tire ses blés de la Russie, lorsque autrefois ceux de Roumélie, de Macédoine, étaient abondans sur les marchés de Constantinople ; que la dépréciation des monnaies, le monopole, ont été les grands moyens de gestion ; que les taxes pesant sur toutes les denrées, mais n’atteignant pas celles-ci aux lieux de leur production, les marchés deviennent déserts, la consommation diminue ; que les mines sont abandonnées, la fabrication arrêtée ; que la plus grande partie de la classe ouvrière turque a disparu depuis la destruction des janissaires, et enfin que la Porte, sans ressources propres, a refusé l’emprunt de Rotschild pour payer les créances russes.

Quelle action peut-on espérer, après cela, du sultan en Europe ? La politique extérieure de Sa Hautesse a d’ailleurs toujours été médiocre et dominée par les préjugés de la loi mahométane. Le principe de la nécessité a seul été invoqué. Mahmoud n’a pas su éviter les traités de