Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/532

Cette page a été validée par deux contributeurs.
522
LITTÉRATURE.

il aimait vivement la poésie, mais il savait surtout qu’on doit ou y exceller ou s’en abstenir. « Je ne voudrais pas, écrivait-il à M. Viguier, que mes vers fussent de ceux dont on dit : Mais cela n’est pas mal en vérité, et qu’on laisse là pour passer à autre chose. » Sans donc renoncer, dès le début, à cette chère et consolante poésie, il ne s’empressa aucunement de s’y livrer tout entier. D’autres idées le prirent à cette époque : il avait dû aller en Grèce avec son ami Colin ; mais ce dernier ayant été obligé par des raisons privées de retourner en France, Farcy ajourna son projet. Ses économies, d’ailleurs, tiraient à leur fin. L’ambition de faire fortune, pour contenter ensuite ses goûts de voyage, le préoccupa au point de l’engager dans une entreprise fort incertaine et fort coûteuse, avec un homme qui le leurra de promesses, et finalement l’abusa. Plein de son idée, Farcy quitta Naples à la fin de l’année 1827, revint à Paris, où il ne passa que huit jours, et ne vit qu’à peine ses amis, pour éviter leurs conseils et remontrances ; puis partit en Angleterre, d’où il s’embarqua pour le Brésil. Nous le retrouvons à Paris en avril 1828. Tout ce que ses amis surent alors, c’est que cette année d’absence s’était passée pour lui dans les ennuis, les mécomptes, et que sa candeur avait été jouée. Il ne s’expliquait jamais là-dessus qu’avec une extrême réserve ; il avait ceci pour constante maxime : « Si tu veux que ton secret reste caché, ne le dis à personne ; car pourquoi un autre serait-il plus discret que toi-même dans tes affaires ? ta confidence est déjà pour lui un mauvais exemple et une excuse. » Et encore : « Ne nous plaignons jamais de notre destinée ; qui se fait plaindre se fait mépriser. » Mais nous avons trouvé, dans un journal qu’il écrivait à son usage, quelques détails précieux sur cette année de solitude et d’épreuves.

« J’ai quitté Londres le lundi 2 juin 1828 ; le navire George et Mary, sur lequel j’avais arrêté mon passage, était parti le dimanche matin ; il m’a fallu le joindre à Gravesend ;