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GEORGE FARCY.

divers points délicats de psychologie. Il donna aussi quelques articles littéraires au Globe dans les premiers temps de sa fondation.

Enfin, vers septembre 1826, voilà Farcy libre, maître de lui-même ; il a de quoi se suffire durant quelques années, il part ; tout froissé encore du contact de la société, c’est la nature qu’il cherche, c’est la terre que tout poète, que tout savant, que tout chrétien, que tout amant désire : c’est l’Italie. Il part seul ; lui, il n’a d’autre but que de voir et de sentir, de s’inonder de lumière, de se repaître de la couleur des lieux, de l’aspect général des villes, des campagnes, de se pénétrer de ce ciel si calme et si profond, de contempler avec une âme harmonieuse tout ce qui vit, nature et hommes. Hors de là peu de choses l’intéressent ; l’antiquité ne l’occupe guère ; la société moderne ne l’attire pas. Il se laisse et il se sent vivre. À Rome, son impression fut particulière. Ce qu’il en aima seulement, ce fut ce sublime silence de mort quand on en approche ; ce furent ces vastes plaines désolées, où il ne se laboure ni ne se moissonne jamais, ces vieux murs de brique, ces ruines au dedans et au dehors, ce soleil d’aplomb sur des routes poudreuses, ces villas sévères et mélancoliques dans la noirceur de leurs pins et de leurs cyprès. La Rome moderne ne remplit pas son attente ; son goût simple et pur repoussait les colifichets : « Décidément, écrivait-il, je ne suis pas fort émerveillé de Saint-Pierre, ni du pape, ni des cardinaux, ni des cérémonies de la semaine sainte, celle de la bénédiction de Pâques exceptée. » De plus, il ne trouvait pas là assez d’agréable mêlé à l’imposant antique pour qu’on en pût faire un séjour de prédilection. Mais Naples, Naples, à la bonne heure ! Non pas la ville même, trop souvent les chaleurs y accablent et les gens y révoltent. « Quel peuple abandonné dans ses allures, dans ses paroles, dans ses mœurs ! Il y a là une atmosphère de volupté grossière qui relâcherait les cœurs les plus forts. Ceux qui viennent en Italie pour refaire leur santé doivent porter leurs projets de sagesse ailleurs. » Mais le golfe, la mer,