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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

Le Directeur.

Eh ! Messieurs, Messieurs, apaisez-vous, voici d’ailleurs Osorio qui va vous mettre d’accord.

(Entre Osorio avec des pommes cuites largement étalées sur son manteau de velours.)
Le Marquis.

N’est-ce pas, c’est le dénouement de Pedro qui a fait siffler ?

Pedro.

Non, c’est le sien ! n’est-ce pas ?

Le Marquis et Pedro ensemble.

Répondez.

Osorio.

De grâce, messieurs, laissez-moi respirer, rassurez-vous ; ce n’est ni l’un ni l’autre : c’est un dénouement de mon invention.

Pedro.

Et pourquoi n’avoir pas dit le mien ?

Le Marquis.

Pourquoi n’avoir pas joué comme je vous le disais ?

Osorio, tirant de sa poche la lettre du Marquis qu’il donne à Pedro, et celle de Pedro qu’il donne au marquis.

Pour les deux raisons que voici ; j’étais trop menacé dans le cas où j’aurais dit l’un de vos deux dénouemens, et je tiens trop à l’intégrité de ma cervelle et de mes épaules, qui me sont également utiles et agréables. Une autre fois accordez-vous mieux, et surtout prenez un sujet qui puisse finir, car le vôtre, assez beau du reste, ne pouvait avoir qu’un mauvais dénouement ; c’était le nœud gordien, on pouvait le couper, et non pas le défaire.

Pedro.

Donnez-vous donc de la peine ! ah ! j’abandonne cette ingrate poésie ; je me fais garçon barbier, si je ne trouve quelque chose de pis.

Le Marquis.

Et moi je laisse dorénavant la littérature aux roturiers ; cela est indigne des gens de notre état ; d’ailleurs, je n’avais