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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

mettre ces parchemins à Diaz, et je lui dirai de n’en exécuter le contenu qu’à mon signal, et je ne le donnerai qu’avec ta permission. Seulement je vais faire retarder l’entrevue jusqu’à l’heure de la réunion des conspirateurs, pour qu’il ne puisse se trouver à cette dernière.

(Il sort.)
Dona Isabelle.

Il m’a aimée assez pour me sacrifier sa vie et sa fortune ; mais il est Espagnol… s’il allait ne pas m’aimer assez pour me sacrifier sa vengeance.


Scène XXII.


L’appartement de don Louis de Villenas.


Don Louis de Villenas, s’habillant.

Allons, voilà un mot qui m’avertit que mon entrevue n’est que pour deux heures… On dirait que c’est un fait exprès… Je ne pourrai assister à la réunion chez Casterey… C’est une grande folie que cette conspiration ; je l’ai acceptée comme une partie de plaisir, sans y réfléchir : je ne faisais pas plus cas de ma vie alors que d’une journée… Depuis je suis devenu amoureux, je souffre plus ; mais je tiens à la vie, car je puis être heureux. Qu’elle est belle ! Ah ! toute la fête n’était qu’un temple dont elle était l’idole… Qu’on est triste le lendemain d’une fête !… on a la tête aussi lourde qu’on avait la veille les pieds légers. Tout s’est envolé, danse, plaisirs, musique : il ne m’est resté que mon amour ; mais hier il m’emportait malgré moi, comme une aile au-dessus de la terre ; aujourd’hui il m’attache à son niveau comme un poids… il est amer et désespéré… la hache du bourreau l’éteindra dans mon sang… Que dire d’ailleurs à d’Ayamonte pour prétexte du refus que je vais faire de sa nièce ?

(Entre Carlo.)