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LITTÉRATURE.

Dona Isabelle.

Vous croyez ne pas vous tromper ?

Villenas.

Oh ! il n’est pas dans le monde deux tailles pareilles à celle que j’ai entourée de mes bras ce matin, pour vous emporter évanouie hors du champ de bataille, et ce soir au sein de la danse, mon bras vous a reconnue.

Dona Isabelle.

Eh ! bien, oui, c’est moi, mais que voulez-vous ?…

Don Louis de Villenas.

Votre amour !…

Dona Isabelle.

Vous êtes bien audacieux !…

D. Louis de Villenas.

L’excès de ma passion me permet de l’être ; qui donne beaucoup, peut demander autant.

Dona Isabelle.

Vous êtes bien prompt à vous enflammer.

D. Louis de Villenas.

Oh ! il suffit de jouer avec un fer rouge, pour qu’il s’attache à vos mains. Lorsqu’on a échangé quelques regards avec deux beaux yeux, lorsqu’on a exposé sa vie pour conserver une autre vie plus chère, lorsqu’on a emporté une danseuse palpitante dans une atmosphère de lumières, de parfums et de musique, cela est déjà trop !… Un violent amour s’attache vite à vous, il n’a pas besoin de longues habitudes, de preuves multipliées, de connaissances intimes. Il y a des vues assez longues pour voir dans une âme, c’est celle d’un amant. Touchez un gant, ramassez un éventail, respirez une haleine, et le poison est gagné… L’amour est dans votre sang.

Dona Isabelle.

Je ne suis pas si prompte à m’enflammer.

D. Louis de Villenas.

Oh ! vous, savez-vous, saurez-vous jamais ce que c’est