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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.


Scène VI.


DONA ISABELLE, VITTORIA.
D. Isabelle.

Voyons cette lettre ; elle est de mon oncle le gouverneur… On veut me marier à D. Louis de Villenas… Cela importe à mon oncle… cela m’importe peu. Je ne me laisserai pas sacrifier si le prétendu ne me convient pas… Je suis riche… La richesse, c’est l’indépendance ; si ce n’est pas le bonheur, c’en est du moins la base, et je ne la céderai qu’avec la certitude de n’y point perdre.

Vittoria, à part.

Je me sens des remords de ce que j’ai dit… mais je n’ai pas le courage de réparer le mal… Voilà une mauvaise nuit, et surtout une mauvaise matinée, et il faudra dévider bien des rosaires pour qu’elles ne me soient pas comptées plus tard.

D. Isabelle.

Vittoria ?…

Vittoria.

Senora ?…

D. Isabelle.

Je pars pour Murcie… Trouvez-moi un domestique, et que le domestique me trouve des muletiers : je veux partir aujourd’hui même.

Vittoria.

Mais, madame, c’est impossible… Vous avez des fournisseurs à payer, des affaires à terminer dans cette ville.

D. Isabelle.

Eh bien ! restez-y : je vous sais fidèle et intelligente, et je vous charge de tout. Vous viendrez me rejoindre à Murcie…

Vittoria.

Comme il vous plaira, senora.