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VOYAGES.

au pape, ce qu’on a fait des ennemis, sachez que dans le portique de Salomon et dans le temple, les nôtres ont eu du vil sang sarrasin jusqu’au frein de leurs chevaux. »

Du haut du parvis, nous pûmes distinguer, malgré l’obscurité, l’ensemble des bâtimens entremêlés d’arbres et de plate-formes, et au milieu d’eux, la fameuse mosquée de la Roche, dont le dôme élevé domine le parvis et toute la ville de Jérusalem.

Avant d’y pénétrer, notre conducteur nous fit ôter nos babouches, et cet homme, qui exposait sa vie et la nôtre, était surtout occupé de l’idée de ne point manquer au respect qu’il portait à ce lieu. Nous passâmes entre la mosquée et un bâtiment fort élégant à l’est ; c’est un oratoire octogone et non point circulaire, comme le porte le plan d’Aly-Bey : il est soutenu par douze colonnes d’une seule pièce de marbre rougeâtre. Entre les deux colonnes, vers le sud, est un renfoncement où on fait la prière. Ce lieu est nommé le Mek-Khemet Daoud ou tribunal de David, et est en grande vénération ; de là nous passâmes au côté du sud du temple, et nous entrâmes sous un péristyle qui fait face à la maison du gouverneur. Ce péristyle est soutenu par huit colonnes, tant de vert antique que de marbre mélangé.

La mosquée est un édifice octogone dont chaque côté a soixante pieds de long. L’intérieur est composé de deux nefs et d’un dôme majestueux. La première nef est soutenue par seize colonnes et huit piliers du plus beau marbre brun ; la seconde nef est composée de douze colonnes avec des chapiteaux variés, provenant sans doute de l’ancien temple d’Hérode. Cette enceinte renferme la Roche sacrée, qui occupe vraisemblablement la partie principale de l’ancien temple, car il pa-