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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

quises ; les patriciens, tant qu’ils existent, y demeurent les représentans des premiers conquérans. Ainsi l’Inde, sous les voiles dont elle s’enveloppe encore, nous laisse apercevoir, ou plutôt pressentir dans ses quatre castes, deux, peut-être trois conquêtes superposées. Mais la Chine, qui ne fut conquise qu’après avoir été civilisée, dont la civilisation triompha de ses conquérans, et annula les conséquences de la conquête, la Chine ne nous montre aucune distinction de castes ; on n’aperçoit point que son mouvement social ait été le résultat d’une lutte intestine : le peuple sorti d’un seul germe paraît s’y être harmoniquement développé.

D’un autre côté, admettons que ce phénomène de la distinction des castes et de leurs luttes soit commun à tous les peuples : précisément parce qu’il leur serait commun, il ne pourrait expliquer que ce qu’ils ont eux-mêmes de commun, d’identique, leur constitution en quelque sorte physique, leur vie pour ainsi dire organique ; mais il ne pourrait expliquer leur caractère individuel, moral, le rôle que chacun d’eux doit jouer dans le monde, l’idée qu’il a mission de manifester.

Encore moins suffirait-il à nous expliquer le développement complet de l’humanité, le caractère distinctif de chacune des grandes époques que nous y remarquons, l’idée autour de laquelle à chacune de ces grandes époques les peuples ont en quelque sorte gravité, et que chacun d’eux réfléchissait par quelque face.

Enfin, on pourrait peut-être reprocher à M. Ballanche d’avoir traversé trop rapidement la réalité historique, ne s’arrêtant qu’un moment dans le monde romain, et de n’avoir visité l’Orient et nos temps modernes que sous la robe brillante du mythe.

Cependant au point de vue où il s’est placé, en par-