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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

quement confondus en une seule ; mais vaste et magnifique croyance ?

M. Ballanche ne nous dit nulle part ce qu’il pense positivement de cette religion primitive, et du rôle de ce premier peuple dans l’histoire de l’humanité, quoiqu’il semble admettre implicitement l’existence de l’une et de l’autre. En revanche, il revient souvent sur la nécessité qu’une langue ait été donnée originairement à l’homme.

Les Essais de Palingénésie sociale sont destinés à retracer le cycle complet des destinées humaines, d’après les doctrines dont je viens de donner la courte analyse.

Dans Orphée, M. Ballanche a voulu tracer le mythe de la déchéance, faire l’épopée de l’homme déchu, frappé d’anathème, mais aux yeux duquel brille dans un lointain avenir le dogme consolant de la réhabilitation.

Dans la Formule générale, il a voulu peindre, si je puis m’exprimer ainsi, l’incarnation des deux principes, au sein de la réalité, dans les murs de Rome, et leurs luttes historiques sous les noms de patriciat et de plébéianisme.

Enfin dans la Ville des Expiations, noble cité encore inachevée, où il serait téméraire à moi de porter mes pas, M. Ballanche nous montrera, je pense, les dernières traces de la déchéance s’effaçant du front de l’homme et l’humanité réhabilitée. — Ainsi la Ville des Expiations sera un mythe comme Orphée, mais un mythe l’opposé de celui d’Orphée.

De ces trois grands ouvrages il n’a paru que des fragmens du second[1] ; Orphée seul est terminé : c’est donc d’Orphée seulement qu’il m’est permis de hasarder une analyse incomplète.

  1. M. Ballanche vient de publier tout récemment un épisode détaché de la Ville des Expiations. (Voyez à la fin de ce numéro.)