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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

sentés au-dehors par le patriciat et le plébéianisme, qui en sont comme les organes extérieurs.

Il pense que la lutte intime et cachée de ces deux élémens produit le mouvement de développement que je me suis efforcé de décrire il n’y a qu’un instant ; lutte qui se trouve extérieurement manifestée par celle des deux castes à laquelle aucun peuple n’aurait échappé.

Selon M. Ballanche, à la naissance même d’une nation, les patriciens se trouvent les dépositaires d’une certaine quantité d’idées sociales et religieuses ; ils redisent les dernières paroles d’une révélation primitive ; ils forment à eux seuls la société civile et politique.

Le plébéianisme n’a d’abord pas d’existence qui lui soit propre ; il est formé de cliens assimilés à leurs patrons, portant le nom du patron, vivant de la vie du patron, extension du patron.

Mais il est réservé au plébéianisme, pour prix d’épreuves multipliées et de conquêtes successives, d’être initié successivement à tous les mystères, de partager tous les trésors de la société civile et politique ; et ce progrès, sans doute continu, M. Ballanche le divise en trois époques, ou plutôt en trois événemens principaux, dont chacun résume tout le progrès d’une époque.

Les plébéiens, d’abord enveloppés, pour ainsi dire, dans le patron, s’en séparent peu à peu ; ils arrivent à une existence personnelle, à vivre pour eux-mêmes ; ils ont acquis la conscience.

Puis, après avoir ainsi vécu d’une misérable vie, mêlés les uns aux autres, mais sans propriétés, sans aïeux, sans descendans, sans droits d’aucune espèce, en dehors de toute société, ils doivent enfin obtenir le mariage légal, qui fonde la société, l’étend dans le passé