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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

tombant dans le sein de Dieu, doivent-elles à la fin des temps reconstituer une essence humaine, une ? Je sais que telle n’est pas l’idée de M. Ballanche ; et sans doute dans la suite de son ouvrage, il s’expliquera plus nettement sur ce qu’il entend par le retour à l’unité ; quoi qu’il en soit, et c’est de cela seulement qu’il s’agit ici, il pense qu’à ce point de départ, à ce but de l’homme, se rattachent deux ordres distincts de sentimens, de penchans : les uns bas et terrestres, les autres nobles, élevés, divins.

À chaque pas qu’il fait dans le monde, la vie lui présente, sous des formes diverses, une épreuve où doit s’engager une lutte entre ces deux sortes de facultés, entre ces deux natures qui sont en lui.

Gagner les grades d’un perfectionnement successif, s’initier ainsi de jour en jour à une perfectibilité indéfinie, telle est sa tâche dans le monde, et c’est peut-être pour cela qu’au moment où la vie l’abandonne, au moment où cette lutte a cessé, comme symbole de la victoire de la partie divine sur la partie terrestre de sa nature, une expression presque céleste se répand aussitôt sur son visage.

Mais, condamné qu’il est par l’anathème antique, ce n’est pas seulement dans son propre sein que l’homme doit trouver l’épreuve, ce n’est pas seulement au fond du foyer domestique que doit se passer son expiation ;

Dans le monde social, il faudra de même qu’il traverse l’épreuve et subisse l’expiation.

Aussi M. Ballanche croit-il que les peuples, dans la carrière qu’ils fournissent, vont de même de la déchéance à la réhabilitation ;

Que de là naissent comme deux élémens opposés enfermés dans leur mystérieuse organisation, et repré-