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LA NOUVELLE-ÉCOSSE.

tion entière à ses foyers, chasser des cultivateurs paisibles des champs fertiles que leurs ancêtres avaient conquis sur les forêts, qu’ils avaient défrichés et arrosés de leurs sueurs.

Cependant, malgré les cruels traitemens qu’ils avaient reçus en Nouvelle-Écosse, les déportés désiraient vivement y retourner. Ceux qui avaient été transportés en Géorgie partirent soudain, et, après un voyage long, hasardeux et pénible le long des côtes, ils avaient atteint New-York et Boston, lorsque des ordres du gouverneur Lawrence les firent arrêter, et les forcèrent d’abandonner leur projet.

Peu à peu ils y rentrèrent cependant, et y furent tolérés à condition qu’ils se soumettraient aux lois anglaises. Aujourd’hui les cantons de Clare et de Tuskett contiennent plusieurs villages français, dont les habitans descendent de ces mêmes Acadiens qui s’y étaient établis en 1610, et avaient fondé Port-Royal (Annapolis), près de la baie française (baie de Fundy). Ces villages sont bâtis en bois ; les maisons en sont propres et respirent l’aisance. De toute la Nouvelle-Écosse, c’est la population qui cultive le mieux la terre ; chaque famille a au moins un cheval et un char-à-banc. Le dimanche, on voit ces familles acadiennes se promener dans ce rustique équipage sur la route d’Annapolis ; où elles viennent ordinairement passer la journée. Cette ville, ainsi appelée du temps de la reine Anne, s’étend le long de la rivière de ce nom. Tout le pays qui l’environne est extrêmement pittoresque ; la route qui y conduit, en venant de Windsor et Halifax, bordée de hautes masses de granit, de beaux saules, de ruisseaux serpentant au milieu de bouquets de bois de couleurs éclatantes et variées, présente sans cesse un tableau charmant : c’est à Anna-