Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
LA NOUVELLE-ÉCOSSE.

housie, dont on était mécontent dans le pays, où il n’avait fait qu’exaspérer les esprits.

Un jour, pendant que nous étions à dîner, on apporta à l’amiral un écrin contenant une jolie parure avec des bracelets. Cet écrin avait été trouvé sur les bords de la mer, près du cap Breton, par un paysan, qui, n’osant le garder, le remit à l’autorité du lieu qui l’envoya à Halifax. Il y avait écrit dessus, à Mme … (le nom était effacé) ; de la part du duc de Clarence, à Québec. Le duc avait fait l’année précédente un voyage au Canada, et il y envoyait cet écrin en souvenir à quelque dame sans doute dont il avait fait la connaissance. Le bâtiment qui le portait fit naufrage, et par un grand hasard, la parure fut trouvée sur le rivage en très-bon état.

En revenant d’une excursion que j’avais faite sur les bords d’un lac charmant, du côté de Dartmouth, je rencontrai deux paysans vêtus de même que les nôtres. Ayant entendu dire qu’il y avait encore des Français établis dans le pays, je leur demandai en français s’ils venaient de loin ? « Ah ! jarniqué, me répondit l’un d’eux, je venons de plus de vingt milles de dedans la contrée ! » C’était d’un village nommé Chenscook, qui est entièrement français, et composé d’une soixantaine de familles. Il y en a encore au cap Breton et aux environs un assez grand nombre. Ils ont conservé le dialecte de nos paysans, et ils me dirent que j’étais le premier Français de France qu’ils eussent vu de leur vie.

Je fis la veille de mon départ avec les officiers du 52e des riflemen, et quelques officiers de la marine, une charmante promenade à la voile au fond du grand lac, et en revenant nous dinâmes tous ensemble à la mess ou table commune du 52e dans une superbe salle à manger, ornée du portrait en pied du général Moore,