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LA NOUVELLE-ÉCOSSE.

sont très-fréquens, surtout sur les îles de la Madeleine et d’Anticosti. Il me fallut donc renoncer à mon projet.

L’amiral me demanda si j’avais pris un logement en ville ; sur ma réponse que je ne faisais que de descendre à terre, et que j’allais en chercher un, il me dit que les auberges étaient fort mauvaises à Halifax, et que je lui ferais grand plaisir de rester chez lui. Je m’en défendis long-temps, mais il insista d’une manière si aimable, que je finis par accepter, et il envoya de suite à bord chercher mes effets.

Il prit ensuite son chapeau, et m’emmena avec lui. Il me présenta à plusieurs officiers, entr’autres au capitaine English, qui me conduisit à bord de son beau brick de vingt-deux, le Ringdove, où il avait un appartement meublé avec la plus grande élégance, et où se trouvaient en regard le portrait de l’Empereur et celui de Nelson. Nous sortîmes ensemble, et avec plusieurs autres officiers parlant tous très-bien français ; nous allâmes faire un tour dans la ville, où nous rencontrâmes beaucoup de cavaliers, de marins, de soldats, mais peu de bourgeois.

Nous visitâmes la caserne du 52e et celle du régiment des riflemen que l’on passait en revue. Ces riflemen, ainsi nommés parce qu’ils sont armés d’une carabine, rifle, portent un shacos avec plumet de coq noir, et leur uniforme est vert foncé avec brandebourgs noirs également. Celui du 52e est rouge, avec pantalons gris-clair.

À quatre heures, je retournai à l’amirauté ; tout y était fort somptueux, et je le remarquai d’autant mieux, que je faisais la comparaison entre Saint-Pierre et Halifax. Ainsi, au lieu d’un gendarme, un valet de pied en habit blanc et or vint me recevoir à la porte, et m’introduisit dans un grand salon au rez-de-chaussée,