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VOYAGES.

combats des coqs. C’est peut-être un des jeux, ou pour mieux dire, un des spectacles le plus en honneur chez les apathiques Malais de ces régions lointaines. Les habitans des villages de Mariquina, de San-Matheo et de Bosoboso surtout, se livrent avec un enthousiasme effréné à ce genre d’amusement, digne, sous tous les rapports, de leur indolence et de leur barbarie. Des jeunes gens de quinze à vingt ans parcourent sans cesse les rues, les chemins des campagnes avec un coq d’une taille gigantesque sous le bras, offrant à tous les individus qu’ils rencontrent sur leur passage, de livrer au combat l’animal dont ils sont porteurs. Ils font ainsi successivement le tour des villages jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à trouver des joueurs disposés à partager leur plaisir favori. Ils font ensemble un pari d’une valeur équivalente à ceux de l’animal combattant, c’est-à-dire que le propriétaire du coq vainqueur reçoit de celui du vaincu la valeur estimée de ce dernier, ou souvent une valeur moindre, selon les dispositions des parties contractantes, mais jamais sans une sorte d’intérêt quelconque, soit de leur part, soit de celle des nombreux assistans.

Les conclusions du pari stipulées, on dispose tout pour la lutte. Les deux coqs sont bientôt entourés d’une foule de curieux et de passionnés joueurs. Placés en face l’un de l’autre, les deux combattans agitent et disposent leurs ailes en se fixant avec des regards fiers et animés, et attendent dans cette attitude, avec une impatience des plus vives, le signal de l’attaque qui doit venir de leur maître. Ce signal donné, une lutte aussi vigoureuse qu’opiniâtre s’engage ; elle se prolonge ainsi sans arrêt jusqu’à ce que l’un d’eux succombe sous les coups redoublés de l’autre. Il est surpre-