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MANILLE.

indigènes, qui sont naturellement paresseux et ne peuvent travailler que lorsque la plus indispensable nécessité leur en fait une loi. Si l’on recommençait les travaux, comme on l’a tenté plusieurs fois, l’inconstance des travailleurs forcerait de les abandonner au moment où l’on serait à même d’en recueillir les fruits.

Lorsque je parcourais les campagnes de l’ouest, je remarquai de vastes vergers de mandariniers, de sapotillers et d’orangers, plantés en allées tirées au cordeau. Le coup-d’œil que présentent ces vergers est des plus agréables. Les chemins qui conduisent de la ville dans les villages et dans les maisons de campagne sont presque tous bordés de haies en bambous. C’est à la sortie de Cavite, auprès du village de Saint-Roc, en allant à Téralta, que ces haies sont vraiment remarquables. Ce sont plutôt des forêts que des haies. La prodigieuse élévation et l’épaisseur de ces arbrisseaux rendent les routes étroites impénétrables aux rayons du soleil, et les plus fortes pluies ont peine, en certains endroits, à traverser l’épaisseur du feuillage.

Les habitans de ces parages conservent cette plante avec le plus grand intérêt, malgré sa voracité et l’étendue de ses racines. Elle leur est des plus précieuses sous une infinité de rapports. Il n’entre aucune autre espèce de bois dans la construction de leurs cases ; ils en confectionnent sans peine des vases de toutes formes et dimensions. Il leur sert en outre pour clore leurs maisons et leurs champs, et à défaut d’autre moyen d’éclairage, on brûle des bambous en guise de cierges.

J’ai rencontré dans les environs de Téralta des champs très-étendus, plantés en dolichos bulbosus. Cette plante est cultivée avec soin pour sa bulbe qui est très-estimée des habitans du pays. Le mimosa unguigati, ou camat-