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VOYAGES.

lation de la canne ; on en extrait le jus avec une mauvaise roue en pierre, souvent même en bois, que l’on tourne à bras dans une auge également en bois, à laquelle sont adaptés deux cylindres que font mouvoir des buffles. Les chaudières et les autres ustensiles propres à la manipulation y sont inconnus. Aussi quelque belle que soit la qualité du sucre de Manille, ce n’est point à cette production que le pays doit l’opulence dont il jouit. On commence cependant, depuis quelques années, à s’occuper des usines que nécessite l’exploitation de la canne. Des cultivateurs français, venus de l’Ile de France, paraissent vouloir donner de l’extension aux sucreries.

Le riz, quoique cultivé en grand dans toute la colonie, est un objet de consommation comme le blé en Europe, mais n’entre point dans les marchandises sujettes à l’exportation. On peut juger de la grande quantité qui s’y consomme en pensant que les Chinois, les Indiens et les autres habitans, soit indigènes, soit étrangers, en mangent comme nous mangeons du pain, à tous les repas.

Manille, capitale des îles Philippines, n’est donc redevable de son opulence qu’au commerce d’échange dont elle est le théâtre. Les Chinois et les autres habitans des îles environnantes viennent y verser les divers produits de leur sol et de leurs manufactures. Les Européens en font autant de leur côté, pour obtenir en échange les objets que leur refuse leur patrie. Les mines qui se trouvent dans ces îles n’entrent pour rien dans les trésors dont elles regorgent, puisqu’on dédaigne de les exploiter par des motifs que j’ignore. Il est vrai que ces pénibles opérations ne pourraient être exécutées avec succès que par les Indiens