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MANILLE.

guerre, et l’autre la ville marchande. Cette dernière est beaucoup plus étendue que l’autre, où cependant le gouverneur fait sa demeure. Dans la ville de guerre, les édifices sont plus grands, plus solides, et généralement toutes les maisons y sont mieux bâties que dans la ville marchande. Tout y est d’une propreté remarquable. Le fort est bien tenu, et forme une espèce de fer à cheval. On communique des deux parties de la ville au moyen d’un superbe pont en pierre, dans le genre de ceux de Paris. Il est même beaucoup mieux pavé, ainsi que les rues adjacentes, que les ponts et les rues de la capitale de la France. Les maisons sont bâties en pierre de taille, et sont toutes entourées au premier étage d’une galerie fermée par des châssis en écailles de nacre, qui sont construits de manière à ce qu’en les ouvrant, on puisse les glisser sur les côtés. Cette galerie est encore fermée extérieurement par des jalousies. C’est un lieu de promenade très-agréable lorsque le mauvais temps empêche de sortir. Les rues sont droites et fort larges.

Il y a à Manille plusieurs églises très-richement décorées. Devant ces édifices ou sur le côté est une espèce de grotte taillée dans le roc, dans laquelle se trouvent plusieurs rangées de têtes de morts. Lorsqu’un Indien passe devant cette grotte, il fait plusieurs fois le signe de la croix, et se jette à genoux pour prier. Les prêtres ne manquent pas à Manille ; on en rencontre à chaque pas dans les rues. Ils se louent aux riches habitans ; M. Tuason en entretient plusieurs dans ses maisons de campagne. Il y a fait construire des chapelles où ces prêtres disent chaque jour la messe. C’est bien moins par esprit de religion que par intérêt ou politique, que les habitans encouragent le ministère des