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VOYAGES.

Le curé de Bosoboso, chez lequel j’étais ébergé, est le seul habitant aisé de tout le village. Cela se conçoit aisément. Ministre de Dieu, tout ce qu’il demande à un Indien, il l’obtient sur-le-champ ; il n’a pas même la peine de demander. Ces crédules Indiens se laisseraient plutôt mourir de faim, que de ne pas voir leur pasteur nager dans l’abondance et le superflu. Les plus beaux troupeaux, et les plaines de riz les plus étendues et les mieux soignées dépendent du presbytère ; tout ce qui appartient aux Indiens en ce genre paraît chétif et pauvre. Le village de Bosoboso est placé au milieu d’un vallon très-étendu, arrosé par plusieurs petites rivières qui le rendent un des plus florissans, des plus fertiles et des plus sains de la contrée. Les hautes montagnes dont il est entouré le mettent à l’abri des coups de vents.

Je partis avec tout mon cortége le lendemain, à neuf heures du matin, de chez le curé de Bosoboso, pour retourner à Mariquina. Nous arrivâmes à ce village sur les quatre heures de l’après-midi. Je fus chez le capitaine des Indiens, et le priai de m’accorder des guides qui pussent me conduire à la mine, sans courir le risque de m’égarer encore. Il me promit de me les envoyer le lendemain à la maison de M. Tuason, avec tout ce qui serait nécessaire pour ce voyage.

À six heures, j’étais sur pied, et tout mon bagage était prêt. Sept heures avaient sonné, et je ne voyais arriver ni les chevaux ni les guides de Mariquina. Fatigué d’attendre, je partis avec mon propre cortége pour San-Matheo. Je fus descendre chez le curé, qui m’avait fait promettre de m’arrêter chez lui en revenant de la Cueva. Il fut enchanté de me voir aussi fidèle à ma parole. Dans l’excès de sa joie et de sa reconnaissance, il fit tout ce qui