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VOYAGES.

des guides, qui avait ordre de me conduire de là à Rotondo, village important de la province de Bosoboso, me proposa d’y aller directement, me promettant de m’accompagner plus tard à la mine. Force me fut d’accéder à cette proposition.

Pour reprendre le chemin de Bosoboso, il nous fallut gravir de hautes montagnes, les unes arides, les autres bien boisées. Je cueillis chemin faisant des graines, des fleurs, et même des plantes vivantes. Nous voyagions depuis plusieurs heures toujours dans l’intention de rejoindre la route de Bosoboso, que nous avions perdue. Tout à coup je vis mes Indiens s’arrêter et disputer entre eux. Ils étaient entièrement désorientés, et n’étaient pas d’accord sur le point où pouvait se trouver le village que nous cherchions. Il me parut clairement démontré que, depuis que nous marchions, au lieu de nous en être rapprochés, nous nous en étions éloignés à chaque pas. Lorsque j’acquis cette triste conviction, il était cinq heures. Nous marchions depuis huit heures du matin, sans avoir rien pris de la journée. Nous avions eu heureusement la précaution d’apporter avec nous de quoi dîner. Nous fîmes halte quelques minutes, pendant lesquelles nous fîmes à la hâte un léger repas dans une forêt dont les arbres semblaient se perdre dans les nues. La nuit approchait ; nous repartîmes de suite. Le sentier qui nous avait conduits jusque dans le bois devait nous servir à en sortir.

Je ne pourrais donner qu’une idée très-imparfaite des précipices affreux dans lesquels nous conduisit ce maudit sentier. Comme nous étions entièrement désorientés, nous ne cherchions plus qu’à parvenir au premier village habité pour passer la nuit, et nous pensions que ce qu’il y avait de mieux à faire pour atteindre ce but