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VOYAGES.

par le bruit qu’elle faisait en tombant, me fit penser qu’elle allait se perdre dans un souterrain très-profond. Je m’avançai sur le bord du précipice pour chercher à mesurer sa profondeur. Je découvris bien jusqu’à vingt pieds sans rencontrer le fond. Quelqu’efforts que je fisse pour observer de plus près, les Indiens, pendus aux pans de mon habit, ne voulurent jamais me permettre d’aller plus avant. Cette chute d’eau est située à droite de la caverne, bornant à peu près le milieu de son excavation parcourable ; on entend son murmure long-temps avant d’y arriver. En poursuivant notre route au-delà de cette cascade, nous marchâmes constamment dans deux ou trois pieds d’eau. La chaleur étouffée de ce lieu souterrain gênait beaucoup notre respiration, et nous faisait transpirer abondamment, tandis que nos jambes ne sortaient pas d’une eau qui nous paraissait glaciale. Après environ deux heures de marche, nous atteignîmes un grand rocher de stalactites qui, barrant, à ce que j’ai pu m’apercevoir, le milieu de la caverne, nous fermait entièrement le passage. J’eus beau chercher par tous les moyens possibles, et sur tous les points, à le franchir, je ne pus jamais y parvenir. Ce dont je m’assurai positivement, c’est qu’après ce rocher la voûte me parut aussi large et aussi élevée qu’en deçà. On ne peut donc savoir, même approximativement, quelle est la profondeur de la caverne. Je suis probablement le premier et le seul qui ait été aussi avant.

Ce gros rocher qui me contrariait tant en m’arrêtant dans mes recherches souterraines me parut sans aucun doute le produit de la filtration des eaux : quelques espaces vides dans son flanc confirmèrent ma supposition. C’est par ces trous que j’aperçus distinctement le prolongement indéfini de la caverne.