Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/366

Cette page a été validée par deux contributeurs.
356
VOYAGES.

qu’un plancher de bambous sur lequel il me fut impossible de fermer l’œil de toute la nuit. Nous n’étions qu’à environ trois lieues de la caverne. Nous remontâmes à cheval au point du jour. La portion de chemin qui nous restait à faire était la plus mauvaise. Nous fûmes plusieurs fois arrêtés par de petites rivières dont le lit était trop profond pour pouvoir être passé à gué, même à cheval. Il fallait alors absolument construire des radeaux. Heureusement nous ne manquions ni de bras ni de matériaux. Le bambou était sous notre main, et le Tomogon avait eu l’attention d’envoyer au-devant de nous des hommes qui le coupaient. Sur les neuf heures de la matinée, nous touchâmes enfin le pied de la haute montagne dans laquelle la Cueva est percée. Il fallut construire de nouveaux ponts pour traverser la rivière qui se trouve à la base, et ce ne fut pas sans peine que nous la franchîmes à cause des sauts qui l’encombrent et des courans violens. Une fois de l’autre côté, il nous restait encore un assez long trajet pour atteindre l’entrée de la caverne. Nous fûmes obligés de mettre pied à terre et de gravir des rochers escarpés, de nous frayer des passages à travers des bois épais entrelacés de plantes épineuses qui nous déchirèrent cruellement. Il était dix heures lorsque nous arrivâmes à l’entrée de cette fameuse Cueva.

Nous disposâmes promptement des cierges et des bambous allumés pour nous éclairer dans ce vaste souterrain. Un seul de mes conducteurs avait déjà parcouru l’entrée il y avait déjà plusieurs années. De toute ma suite, trois ou quatre hommes se sentirent le courage de me suivre. La vue seule de ce noir caveau suffisait pour leur inspirer de l’effroi.

À quelques pas dans l’intérieur, je trouvai le passage