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MANILLE.

ses paroissiens. Je fus très-surpris de voir tant de monde dans une église très-vaste. Je ne m’étais pas fait une idée juste de la nombreuse population de ce village. Chaque case qui le compose contient au moins douze ou quinze personnes ; les cases sont toutes contiguës les unes aux autres, et le village est assez fort.

Ces villageois sont plus ou moins aisés suivant leur activité et leur goût pour le travail, car, comme je l’ai déjà dit, ils ne cultivent que le riz ; mais les deux récoltes qu’ils en font chaque année sont si abondantes, que, quel que soit son bas prix (il ne se vend guère en gros au-delà d’un quartz la livre, un peu plus d’un sou), elles leur rapportent souvent beaucoup d’argent.

J’ai vu dans ce village quelques indigoteries, c’est-à-dire des cuves en bois, et une fabrique pour la préparation de la teinture ; mais les divers appareils qu’exige l’extraction de cette substance, et les difficultés d’exécuter les opérations empêchent beaucoup de monde de s’en occuper. Quelques familles seulement dans ce village paraissaient se livrer à cette culture. Il est fâcheux que l’on ne s’y adonne pas davantage, car l’indigo y est d’une beauté remarquable, et peut rivaliser avec celui de tout autre pays. Les Indiens l’emploient à la teinture des étoffes de toiles d’abaca ou de coton qui leur servent de vêtemens.

Après la messe, je pris congé de notre bon pasteur, et nous nous mîmes en route pour Téralta, où j’avais fait, quelques jours auparavant, un dépôt de plantes assez considérable. Nous ne pûmes y arriver qu’à la nuit. La longueur du voyage nous avait exténués. Il fallut m’occuper aussitôt de mettre en herbier les nouvelles plantes, et en sachets les graines que j’a-