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VOYAGES.

que dureraient mes explorations. Cette case, dont la grandeur était fort raisonnable, était entourée de plusieurs autres plus petites qu’occupaient de pauvres familles malaises. Celle que je devais habiter appartenait au curé qui y tenait un fermier, dont l’unique emploi était de cultiver le riz. Je contemplai avec quelque surprise, dans ces régions élevées, des champs immenses couverts de cette plante de la plus riche végétation. Nulle part je ne l’ai vue plus belle et produisant un grain aussi gros que sur ces montagnes ; dans aucun pays, je n’en ai mangé dont le goût fût aussi doux et aussi agréable. Ce que je vis alors me convainquit que, pour faire croître le riz et pour l’obtenir bon, il n’est pas nécessaire de le tenir sous l’eau pendant tout le temps de sa végétation, comme on le croit généralement, et comme cela se pratique dans beaucoup de pays. Dans les montagnes que je parcourus, il ne reçoit que les eaux des pluies, qui encore n’y sont pas très-abondantes.

Les Malais, habitans des îles Philippines, font de grandes meules de riz, comme en France on en fait de blé et de foin. Le grain ou épi est placé de manière à former le revêtement extérieur de ces meules, de façon que l’eau en tombant dessus glisse promptement et ne puisse pénétrer dans l’intérieur. Lorsqu’ils ont besoin de riz pour leur consommation, ils ne dérangent nullement les meules pour prendre la quantité qui leur est nécessaire ; ils les ratissent avec les mains ou un morceau de bois comme on râperait un pain de sucre, et épuisent ainsi les meules sans leur faire jamais perdre la forme du cône. Pour écarter les oiseaux, ils les entourent de petits moulins en bambous creux, dont la surface est parsemée de plusieurs trous, qui, frappés