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VOYAGES.

partis un matin avec armes et bagage, accompagné du capitaine Gerbet, qui faisait partie de notre expédition. Nous ne pûmes le jour même faire les dix mortelles lieues qui nous séparaient du curé qui devait nous donner l’hospitalité : les chemins étaient d’ailleurs aussi mauvais que difficiles. Nous passâmes la nuit dans les bois ; le lendemain à midi, nous frappâmes à la porte du presbitère, et je remis au pasteur la recommandation de M. Chapar. Le bon prêtre me reçut de son mieux ; je m’installai dans le logement qu’il me désigna ; et je mis de suite en herbier les plantes que j’avais récoltées dans le voyage. Lorsque nous eûmes dîné, mon hôte voulut m’accompagner lui-même dans les bois qui avoisinent le village. J’y trouvai plusieurs végétaux rares et brillans. Le curé me fit remarquer une espèce d’elœagnus, dont on mange les fruits. Cet arbrisseau me parut digne de remarque, tant par son port que par ses feuilles, qui sont d’un blanc argenté, et fortement ponctuées ; ses rameaux sont minces, flexibles et assez alongés ; ses fruits sont petits, mais également alongés ; ils ont un goût délicieux, un peu vineux. Dans cette après-dînée, tout en me promenant et en causant avec le bon curé, je ne laissai pas que de faire une récolte assez abondante, tant en graines qu’en plantes pour mon herbier.

Pendant plusieurs jours, je multipliai mes promenades dans les mêmes lieux, où je trouvais toujours quelque nouvel objet à récolter. Je rencontrai fréquemment le mimosa scandens ou acacia; remarquable par ses longues gousses articulées et déprimées, ainsi qu’un autre grand arbre également de la famille des légumineuses, nommé aclé. Le bois de ce dernier est fort dur, et passe auprès des habitans pour être incorruptible. Le banava, grand arbre de la famille des tillacées,