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VOYAGES.

vèrent ; nous reçûmes dix canons d’Hydra, on les plaça en batterie ici à droite, sur la colline du Musée près du monument de Philopapus, pour déloger les Musulmans, qui occupaient encore le théâtre de Bacchus. Étroitement bloqués, ceux-ci ne pouvaient tarder de se rendre, lorsque, malheureusement pour nous, ils reçurent des secours de l’Eubée ; le bey d’Avlone et Omer-Vrione les commandaient. Ces forces imposantes ne permettaient pas de résistance ; il fallut fuir. Les femmes et les vieillards, qui ne pouvaient nous accompagner, furent indignement sacrifiés. Les déhlis nous tuèrent aussi un grand nombre d’hommes dans la plaine du Céphise. Vingt-quatre piastres leur étaient comptées par chaque tête qu’ils apportaient au pacha. Ce chef habitait alors la maison où vous avez été reçu par le caïmacan, et le petit cloître obscur que vous avez traversé était encombré de ces horribles trophées. La foudre, tombée au mois de mai de l’année précédente sur la colonne du temple de Thésée, que vous voyez entourée de cercles de fer, semblait nous prédire de grands malheurs : ces présages ne nous trompèrent pas.

» Nous attendîmes à Égine et dans l’Attique un moment plus favorable. Il se présenta au commencement de l’année suivante. Nous revînmes en force investir l’Acropole : un officier français dirigea le bombardement. Le 22 mars, les Turcs capitulèrent : de 2,000 hommes composant la garnison, il en restait à peine la moitié ; les autres étaient morts de soif et de misère. Les Musulmans avaient provoqué de terribles représailles : ils avaient égorgé six de nos otages, mis nos têtes à prix, porté une main sacrilége sur nos temples, renversé nos autels ; mais leur capitulation aurait dû les mettre à l’abri de notre ressentiment : malheureu-