Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.
286
LITTÉRATURE.

des poètes de la nouvelle école, avec ses vives sympathies dans les jeunes esprits, qu’on ne donne pas de subvention à ce théâtre ; mais qu’on lui donne une tragédienne naturelle, poétique et passionnée comme madame Dorval !

Si j’avais encore trois cents pages blanches devant moi, je vous entretiendrais touchant la spécialité du génie, de la physionomie, de la destinée de chaque peuple et de chaque siècle ; du moins je ne finirai point cette page sans vous faire remarquer que l’Italie, toute déchue de puissance politique, toute dépourvue de richesse industrielle, et peut-être à cause de tant d’infortunes, est la reine de tous les arts, depuis et avant même la renaissance. Poésie, architecture, peinture, musique, sculpture : voilà les cinq couronnes de l’Italie ; quelle magnifique compensation qu’une telle spécialité ! Que ce soit Dante, Michel-Ange, Raphaël, Canova ou Rossini ; toujours un Italien a tenu en Europe le sceptre d’un art. L’un tombe, un autre paraît. Uno avulso non déficit alter, comme l’a dit un italien d’Auguste.

Je vous dirai encore qu’une femme anglaise est une blanche et rose apparition ; qu’une femme allemande est une tendre colombe, une fraîche Ondine qui a déjà son âme ; qu’une femme française est une vive gazelle, une nymphe aux milles grâces ; mais que la femme, la vraie femme, la femme de l’homme, est une brune Andalouse.

Nous nous en tiendrons, si vous le voulez bien, à cette dernière spécialité.


Émile Deschamps.