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VOYAGES.

entreprises des interlopes ; mais elle eût été dépouillée de son importance par la découverte prochaine d’une communication plus avantageuse, dont la connaissance fut pour ceux qui la firent le fruit étonnant d’une double prohibition étrangère et nationale. On soupçonnait depuis long-temps que les eaux des deux océans se réunissaient au sud du continent dont on avait voulu même tracer les limites, lorsque la nécessité de parvenir aux Indes par une route libre et étrangère aux priviléges des compagnies fit entreprendre par Lemaire et Shouten leur grande et célèbre expédition. En réunissant les découvertes ignorées ou mal appréciées de Drake et d’Hozes par celle de la côte sud-est de la terre de Feu, ils tracèrent les contours méridionaux de l’Amérique, et cette fameuse route du détroit de Lemaire et du cap de Horn, qui, en facilitant les rapports de tous les pays, exerça sans aucun doute sur la navigation et le commerce une influence bien supérieure à celle qu’avait produite le passage de Magellan dans un bras de mer long et tortueux. Ce voyage mémorable des Hollandais produisit en Espagne une sensation plus désagréable que toutes les hostilités précédentes ; on voulut cependant profiter de ses résultats, et le désir d’en avoir une connaissance complète fut l’origine de l’entreprise des frères Nodal, qui, en 1618, observèrent les premiers les sondes de la côte de Patagonie, firent le tour de la terre de Feu, et découvrirent les îles Diego Ramirez, qui, pendant un siècle, furent sur toutes les cartes les terres les plus australes du globe. En même temps don Juan de Moze parut dans le détroit de Lemaire.

La rupture d’une trêve pensa bientôt détruire la puissance espagnole-portugaise dans l’Amérique méridio-