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GÉOGRAPHIE DE L’AMÉRIQUE.

1565 la route de l’ouest à l’est, à travers l’océan Pacifique, et deux ans plus tôt, Juan Fernandez avait démontré que sans le secours de la magie, mais seulement en s’éloignant des côtes, on abrégeait les voyages du Pérou au Chili. Ces nouvelles directions, suivies par les vaisseaux, leur firent rencontrer des terres isolées. Juan Fernandez découvrit, en 1563, les îles Mas-a-Fuera et Mas-a-Tierra, lorsque celles de Malpelo et des Cocos avaient été déjà aperçues ; enfin l’archipel des Gallapagos fut connu avant 1570, et quatre années plus tard on rencontra les îles San-Felix et San-Ambor. Il n’est pas hors de propos de dire ici que, de nos jours, don Joseph Arosbide donna l’exemple unique d’une navigation courte et directe de Manille à Lima, contre toutes les chances qui devaient lui être contraires.

Les événemens des règnes de Philippe ii et d’Élisabeth, en excitant une grande animosité entre les nations espagnole et anglaise, donnèrent naissance aux courses des flibustiers, aux établissemens temporaires des boucaniers, et à des entreprises particulières que les gouvernemens paraissaient tolérer, lorsqu’ils ne les encourageaient pas en secret. Les premiers hauts faits de ces aventuriers eurent pour théâtre la mer des Antilles ; et l’un d’eux, l’intrépide Oxnam, eut, en 1572, assez d’audace pour traverser l’isthme de Darien, et établir sa croisière dans le golfe de Panama avec un navire de sa construction. Plusieurs fois le continent ne fut pas à l’abri des attaques des pirates, qui, à l’exemple du fameux Morgan (1671), rançonnèrent ou pillèrent les villes les plus importantes de l’isthme. Ce fut dans une expédition de ce genre, en 1572, que le fameux sir Francis Drake, ayant aperçu le grand Océan, pria le ciel de lui accorder la faveur d’y naviguer un