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GÉOGRAPHIE DE L’AMÉRIQUE.

dans les forêts comme des bêtes fauves ; Juan Spirra fit contre eux une campagne qui dura cinq années, et rapporta en 1539, à Coro, la première nouvelle du pays d’El Dorado. Le gouvernement passa alors aux mains d’un évêque, et cependant les atrocités continuèrent. Malgré des ordres précis, l’homme fut toujours une marchandise ; des incursions furent faites auprès du lac de Maracaybo, et Phillip de Hutten, en portant au loin le ravage, recueillit de nouveaux renseignemens sur l’El Dorado, et entreprit de l’atteindre. En 1545, la ville de Tocuyo s’éleva. Bientôt après la couronne d’Espagne reprit ses droits, et les horreurs eurent un terme. Les mines de Philippe de Buria furent découvertes. De 1550 à 1572, on fonda les villes de Barquisimeto, Nirgua, Valence, Caravalleda, Truxillo et Carora. En même temps la conquête de la province de Caracas, tentée par Faxardo, Miranda et le cruel Aguirre, fut achevée par don Diego Losada, qui bâtit sa capitale ; et Alonso Pacheco soumit avec peine les naturels de Maracaybo. La province de Venezuela subit plus que toute autre les horreurs de la guerre ; l’injustice et la cruauté des Espagnols avaient rendu toute alliance avec les habitans impossible. De la nécessité de posséder naquit celle de vaincre et de massacrer.

Dès qu’on apprit que la mer des Indes formait les limites orientales de l’Afrique, l’espoir de la réussite en devint le gage, et les vaisseaux d’Emmanuel naviguèrent peu de temps après dans le golfe d’Oncan, au-delà du fameux cap où le succès de Vasco de Gama couronna l’espérance de Barthelemi Diaz. De même la découverte du grand Océan excita la plus vive ardeur chez les Espagnols qui avaient déjà tiré de la direction