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VOYAGES.

n’est qu’en 1516 que Solis, en cherchant un détroit, entre dans ce large fleuve, où il reçoit la mort des mains des terribles Charruas, après avoir visité, le premier, la baie magnifique de Rio-Janeiro. En 1507, la forme de l’île de Cuba est déterminée par Sébastian de Ocampo, qui en fait le tour, et (1512) celle de Portorico est soumise par Juan Ponce de Léon, qui bientôt après, en cherchant la fontaine de Jouvence, d’après les traditions des Indiens, visite les Lucayes, découvre la Floride, qu’il croit être une île, et navigue sur l’important canal de Bahama, jusqu’au-delà du trentième degré de latitude : Vasquez de Ayllon le suit bientôt dans la même province. Enfin, Alonso de Ojeda et Diego de Nicuessa portent le ravage chez les habitans de la Côte-Ferme ; ils n’obtiennent pas même de sanglans lauriers, mais à cette école d’adversité, Balboa et Pizarro apprennent à enchaîner la victoire.

L’imagination, attristée par le souvenir de ces rapines et de ces massacres, aussi cruels qu’impolitiques, se plaît à contempler la prospérité d’un établissement gouverné à la Jamaïque, depuis 1509, par le généreux Juan d’Esquibel, selon les lois de la justice et de l’humanité. Honorable et unique exception au milieu de la barbarie de la conquête.

Les premières années du règne de Charles-Quint furent signalées par le merveilleux succès d’une entreprise qui contribua à diminuer les embarras de la métropole, en donnant des bases solides à la puissance espagnole en Amérique. Diego Velasquez, gouverneur de Cuba, en avait fait la facile conquête, et le sol y manquait déjà à l’avidité espagnole. En 1517, il envoie Fernandez de Cordova avec plusieurs navires, reconnaître le continent voisin, dont les insulaires racon-