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VOYAGES.

cultés qu’elles présentaient à la navigation de l’Inde.

Le roi de Portugal, voulant surmonter ces obstacles, confia, en 1500, une expédition à Gaspar de Cortereal. Ce navigateur aperçut une partie des côtes vues par les Scandinaves et les Anglais, traversa le détroit de Belle-Isle, découvrit la terre du Labrador, l’embouchure du Saint-Laurent et le détroit d’Anian, qui prit plus tard le nom d’Hudson. Les désastres qui signalèrent les voyages postérieurs de Cortereal et de son frère, joints au peu de succès du premier, quant au résultat unique qu’on se proposait d’obtenir, firent cesser pendant quelque temps les expéditions au nord de l’Amérique. Celles qu’on vient d’indiquer, remarquables par la noblesse et la grandeur de leur but, n’étaient peut-être pas les premières : on sait qu’en 1500 la pêche attirait un grand nombre de navires portugais, basques et normands dans ces parages, où la mer est peu profonde, mais son origine paraît être plus ancienne. Dès cette époque, les Dieppois visitèrent fréquemment les terres de Baccalaos ou les côtes de l’Acadie et du Canada ; et en 1506, deux Rouennais levèrent les premières cartes de Terre-Neuve. Le premier essai de colonisation dans ces parages date de 1518, et fut entrepris sans succès sur l’île de Sable par le baron de Lery.

Malgré ces tentatives isolées, les Français n’avaient pas encore pris aux découvertes la part qui convenait à un grand état maritime : le génie entreprenant de la nation ne s’était signalé que dans des expéditions particulières, dont le souvenir devait se perdre[1]. Il était réservé au roi restaurateur de faire acquérir

  1. Les monumens historiques qui les attestent se retrouveront peut-être un jour, et ces journaux doivent exister dans quelques archives.