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GÉOGRAPHIE DE L’AMÉRIQUE.

suite des interprètes arabes ; enfin, on n’a pas oublié l’épisode de ce plénipotentiaire parlant l’hébreu et le chaldéen, dont la mission auprès d’un pauvre chef de l’île de Cuba eut pour fruit la première découverte du tabac.

Les découvertes principales des Castillans, connues de toute l’Europe, augmentèrent l’enthousiasme déjà si vif des Portugais, et rendirent les Anglais jaloux de partager avec ces peuples un si bel héritage. Cette nation, qui, cinquante ans plus tôt, s’arrêtait encore aux colonnes d’Hercule, fut la seconde qui parut sur les côtes du Nouveau-Monde, mais il fallut qu’un pilote étranger y guidât ses navigateurs. Henri vii, à qui les projets de Christophe Colomb avaient été soumis par son frère Barthélemi, lorsque l’Espagne dédaignait ses services, voulut se ressaisir d’une portion de cette gloire qui lui était échappée : il favorisa l’entreprise des Vénitiens Jean et Sébastien Cabota, qui, en cherchant vers l’empire du Cathay, un passage au nord des contrées aperçues par Colomb, virent Terre-Neuve ou Prima-Vista, et furent arrêtés, en 1497, par la rencontre des rivages de l’Amérique septentrionale, qu’ils prolongèrent depuis le cinquante-sixième jusqu’au trente-huitième parallèle, sans débarquer sur aucun point[1]. Les guerres d’Écosse, et le désir de ménager la cour d’Espagne, jalouse des droits établis par la fameuse bulle, firent négliger les découvertes des Cabota, et les terres qu’ils avaient reconnues ne furent même considérées alors que sous le rapport des diffi-

  1. Il est curieux d’observer que les lettres patentes de Cabota, pour découvrir et coloniser, rivalisaient, par leurs expressions et l’autorité qu’elles confiaient, avec le style de la fameuse bulle d’Alexandre.