Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
VOYAGES.

de ses funérailles, mais ses chaînes furent les seules richesses qui l’accompagnèrent au tombeau.

À cette époque, c’est-à-dire dix ans après le premier voyage de Colomb, en réunissant les travaux des Espagnols, des Portugais et des Anglais, il ne restait plus à découvrir sur la côte orientale d’Amérique, depuis le détroit d’Hudson jusqu’à celui de Magellan, que l’intervalle compris entre le golfe d’Honduras et la baie de la Chesapeak, et quelques points dont les navigateurs avaient éloigné leurs routes. Cependant toutes les incertitudes n’étaient pas encore détruites ; les premières entreprises n’avaient pas eu toutes de la publicité : chaque découvreur disait n’avoir aperçu qu’une île, et les opinions les plus singulières, à les examiner aujourd’hui, prévalurent successivement. Ainsi, Colomb, qui, en pénétrant dans la zone torride, conçut, pour ainsi dire, le premier l’applatissement des pôles, en croyant s’être rapproché du ciel, regarda pendant long-temps Saint-Dominique comme le pays de Cipangu, et la pointe orientale de Cuba comme l’extrémité de l’Asie. Il prit aussi l’Orénoque pour un des quatre fleuves du paradis terrestre, et fut persuadé que les mines de l’Hayna avaient fourni à Salomon l’or du temple de Jérusalem. Par un rapprochement curieux, il en destinait les nouveaux produits à la délivrance du Saint-Sépulcre ; des idées de croisade se lièrent à tous ses rêves de richesses. Ces erreurs ne lui furent point particulières, elles appartinrent à son siècle : Pinzon fut persuadé qu’il avait rencontré la presqu’île transgangétique, et dépassé la grande ville de Cambalu. La plupart des capitaines qui les premiers firent voile vers l’Amérique, eurent l’espoir de paraître à la cour du grand Khan, et prirent à leur