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VOYAGES.

geo, donna naissance aux courses et aux relations un peu douteuses des frères Zeni et du prince Zichmni de Frislande, qui accréditèrent en 1380 ces découvertes ; mais leur faible importance dans ces temps reculés ne pouvait exciter l’attention générale. Les fruits de celle du Groenland furent abandonnés à des colonies islandaises et norwégiennes qui se trouvèrent bientôt isolées par les glaces, ou détruites entièrement par le fer, le climat et les maladies. Le lieu de leur emplacement était dernièrement encore un point de critique historique, mais il est prouvé qu’elles s’élevaient au-delà du cap Farewell, et non loin de ce promontoire. Au milieu des incertitudes qui, depuis plus de 400 ans (1418), nous dérobent leur destinée, la preuve vient d’être acquise qu’en 1133 elles s’étaient étendues jusqu’aux îles des Femmes dans la baie de Baffin.

Cette connaissance forme époque dans l’immense espace de temps qui s’écoula entre les voyages de Gun-Biurn et de Colomb. L’attention peut s’y reposer encore pour examiner l’origine des murailles et des monnaies trouvées dernièrement à Terre-Neuve, qui parurent à quelques personnes indiquer les ruines d’un fort bâti au xive siècle par le prince Zichmni. La critique doit peut-être s’arrêter aussi pour discuter l’authenticité d’une entreprise portugaise que Juan Vas Costa Cortereal et Alvaro Martens Hornen dirigèrent en 1463, à la recherche d’un passage au nord vers les contrées de l’Orient, et qui les conduisit aux côtes de Baccalaos. Elle n’aura pas moins de peine à dissiper l’obscurité qui s’attache aux prétentions des Basques et du capitaine Jean de Echaide, qui, le premier, les conduisit à Terre-Neuve.