Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
LE BRÉSIL.

établir au Brésil ; mais malheureusement la troupe y est d’une déplorable médiocrité, et la couche de rouge ou de blanc dont les acteurs (hommes de couleur) sont obligés de se couvrir le visage ajoute encore à ce qu’il y a de grotesque et de bizarre dans leur jeu.

À Marianna, siége d’un évêché, M. Auguste de Saint-Hilaire porte ses observations sur le clergé des Mines ; après avoir remarqué que le gouvernement avait interdit l’entrée de cette province aux corporations religieuses, il ne peut s’empêcher de signaler une foule d’abus qu’on remarque dans le clergé séculier. Là, comme dans toute l’étendue du Brésil, les prêtres ne perçoivent plus la dîme qu’ils ont cédée autrefois au gouvernement, moyennant un revenu annuel d’environ 1250 francs, payable à chaque curé. Par l’accroissement de la population et de l’industrie, le gouvernement, au bout d’un certain nombre d’années, obtint d’énormes bénéfices ; mais le traitement des curés ne suffisait plus, parce qu’ils étaient contraints de faire desservir certaines succursales. Bientôt un arrangement, connu sous le nom de constitution de Bahia, accorda aux pasteurs 40 reis (25 cent.) pour chaque propriétaire et pour sa femme, et 20 reis (12 cent. 1/2) pour chaque enfant et pour chaque tête d’esclave. Cet impôt avait été volontaire ; le clergé néanmoins ne tarda pas à élever d’autres prétentions : « sous prétexte, dit l’auteur, d’être indemnisé de la confession pascale, prétexte que les catholiques européens auront heureusement quelque peine à concevoir, les curés parvinrent à introduire l’usage de se faire payer 300 reis (1 franc 95 cent.) par chaque communiant. Un ecclésiastique charitable n’exigera rien des indigens ; mais on a vu des curés, on ose à peine le dire, qui, au moment de