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VOYAGES.

brillent un moment, disparaissent et se montrent plus loin. Le vol des coléoptères phosphoriques n’est pas le même pour toutes les espèces : quelques-uns s’élèvent à dix ou douze pieds et même davantage, d’autres, au contraire, restent toujours à quelques pieds de la terre ; la plupart volent horizontalement, mais dans les endroits marécageux on trouve une petite espèce, qui, comme un jet lumineux, s’élance dans une direction oblique ou verticale, sautille un instant et disparaît. « 

Ce fut à Ubà que M. Auguste de Saint-Hilaire vit des Indiens pour la première fois : c’étaient des Coroados ; mais, comme il l’avoue lui-même, ils appartenaient à une des peuplades les plus disgraciées de la nature. Cette physionomie ignoble qu’on n’observe point chez les autres Indiens, cet embarras stupide, trahissant le sentiment qu’ils ont de leur infériorité, et qui firent naître dans l’esprit du voyageur un sentiment si vif de pitié et d’humiliation, montrent comment notre civilisation les a faits. Quel douloureux contraste en effet avec ces Tououpinambaoults[1], si fiers, si courageux, que vit autrefois Lery, dans ces campagnes, et dont Montaigne comparait les réponses avec ce que l’antiquité offre de plus éloquent ! Toutefois, l’empreinte de l’asservissement n’a pas été partout aussi hideuse, et il y a, comme nous avons été à même de le voir, et comme l’ouvrage de M. de Saint-Hilaire en offre la preuve, des sauvages qui ont encore un sentiment de dignité primitive.

  1. Thevet, dans ses Singularités de la France antarctique, les appelle Toupinambaux, nom qui se rapproche beaucoup plus du mot Toupinambas, par lequel les Portugais désignent cette grande nation. Je pense que Lery a voulu exprimer les moindres modifications de la prononciation indienne.