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LE BRÉSIL.

décrit avec exactitude, M. Auguste de Saint-Hilaire arriva à l’habitation d’Uba, fondée par M. Jozé Rodriguez, un ardent ami des Indiens, et il avoue que durant tout son séjour au Brésil, il ne passa nulle part des instans plus heureux que dans cette solitude, où ses nombreuses collections d’objets d’histoire naturelle commencèrent à s’accroître.

« Ce n’est pas seulement pendant le jour, dit-il, que l’entomologiste augmente ses collections ; il peut encore, lorsque la nuit arrive, se livrer à la chasse des insectes phosphoriques. Tandis qu’en France la propriété d’être lumineux ne s’observe que dans trois ou quatre lampyres, et que dépourvus d’ailes, ils restent à peu près à la même place, cachés parmi les herbes, ici diverses espèces, appartenant à plus d’un genre, parcourent les airs et les sillonnent de leur brillante lumière. Quelques-uns ont les derniers anneaux du ventre remplis de matières phosphoriques ; d’autres, au contraire, portent à la partie supérieure de leur corselet deux proéminences lumineuses, arrondies et assez écartées, qui semblent se confondre lorsque l’insecte vole, mais qui pendant le jour brillent comme autant d’émeraudes enchâssées dans un fond brun un peu cuivré. Les coléoptères phosphoriques répandent ordinairement une lumière éclatante et d’un vert jaune ; cependant quelques-uns ne laissent échapper qu’une lueur rouge et obscure, et il en est qui ont tout à la fois quelques anneaux de l’abdomen remplis d’une lumière verte, et d’autres anneaux pleins d’une matière lumineuse et jaunâtre. Rien n’est plus amusant que de voir ces divers insectes voler par une nuit sombre. Dans les endroits où ils sont un peu nombreux, les airs sont traversés par des points lumineux plus ou moins larges, plus ou moins éclatans, qui se croisent en tout sens,