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SOUVENIRS DE GRÈCE.

qui encombrent la route, mais le panorama qui bientôt s’offre à vos regards ferait oublier bien d’autres fatigues. À vos pieds, Égine étend ses tapis de fleurs et de verdure ; à l’est, vous apercevez Macronisi, où Paris reçut pour la première fois les faveurs d’Hélène, Sunium, l’île de Patrocle et Athènes ; au nord, Éleusis, Salamine et Mégare : devant vous, Corynthe, son isthme, son golfe semé d’îles, Anticyre et le Parnasse, que la nature, toujours prévoyante, semble avoir rapprochés à dessein ; à l’ouest, Épidaure, les hautes montagnes de l’Argolide, Poros et le tombeau de Démosthènes, Méthone, la plaine de Trézène et les rochers sourcilleux d’Hydra ; enfin, vers le midi, dans le lointain, au-dessus d’une mer d’un bleu foncé, les nombreuses îles de l’Archipel, semblables à un essaim d’alcyons dormant sur les vagues paisibles, confondent leurs sommités blanchâtres avec les nuages de l’horizon.

La ville d’Égine du moyen âge occupe, vers le nord, la dernière colline, qu’elle couvre des clochers de ses monastères et de ses maisons aujourd’hui entièrement désertes. Elle est située à quatre milles de la mer, à gauche de la route du temple Panhellénien. La pente du rocher qui la soutient est tellement abrupte, que l’on aperçoit difficilement le point qui permettait de l’aborder. Mais ce n’est point là que les Grecs ont établi leur nouvelle capitale. Celle-ci occupe l’emplacement de l’ancienne OEa. En débarquant dans le port formé par les restes des jetées helléniques[1], on peut

  1. La rade d’Égine offre un mouillage d’une bonne tenue, abrité par les îles de Moni, d’Ankistri, et par les côtes de la Corinthie et de la Mégaride. En général, tous les bâtimens de guerre jettent l’ancre à tribord de la petite passe, à quelques encablures d’un jardin assez remarquable par ses cyprès et ses orangers, situé à un mille de la ville ; le port an-