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Album.

Antony, drame en cinq parties, par M. Alex. Dumas. — Le drame d’Antony, reçu et répété au Théâtre-Français, puis tout à coup transporté au théâtre de la Porte-Saint-Martin, devait être un sujet de problème pour bien de gens qui ne conçoivent pas que l’on puisse quitter un Palais-Royal pour un boulevart. L’auteur d’Antony a probablement pensé qu’il ne fallait que d’excellens acteurs et de bonnes pièces pour faire un Théâtre-Français, et que quelque loin que fût le boulevart, c’était encore la France. Il a été, du reste, accompagné dans son émigration par l’auteur d’Hernani et de Marion Delorme.

Ceux d’ailleurs qui ont pu s’étonner de cette transplantation du haut drame, ont oublié les beaux souvenirs qu’ont laissés Frédérik et madame Dorval dans plusieurs mélodrames remarquables. Leurs succès ont prouvé qu’ils étaient dignes de jouer toute espèce d’ouvrages, et la troupe actuelle, quoique privée de ce premier acteur, a brillamment soutenu la réputation méritée de ce théâtre, que la mort de Talma et la retraite de mademoiselle Mars, admirables talens si regretés, rendent encore plus précieux.

Le drame d’Antony n’a point d’analogie avec les autres ouvrages de M. Alex. Dumas. On y trouve moins de ces effets de théâtre si imprévus et si pittoresques, de cette multiplication de personnages et d’incidens qui caractérisent la manière de l’auteur de Stockholm et Fontainebleau et de Henri iii. L’action d’Antony est simple, claire, précise, nullement chargée d’épisodes ; on reconnaît seulement dans l’arrangement du petit nombre d’événemens dont M. Dumas a voulu se servir, cette admirable entente de la scène qui n’a jamais été contestée à ce jeune auteur. Mais il n’y a pas là