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VARIÉTÉS.

règle. La présence de deux grandes rivières, plusieurs découvertes de passages faciles et les progrès de l’industrie assurent un brillant avenir à cette partie presque incommensurable des possessions anglaises.

Pour obtenir une concession de six cent quarante acres, un émigré doit justifier d’un capital de cinq cents livres sterling, et proportionnellement un planteur peut obtenir jusqu’à deux mille cinq cent soixante acres, en contractant l’obligation de se charger d’un convict par chaque centaine d’acres. Le droit de propriété n’est point définitivement acquis avant sept années ; alors il faut avoir dépensé en améliorations le quart au moins du capital exigé, et l’on commence à verser au trésor public une redevance annuelle de cinq pour cent sur une valeur de convention qui ne s’élève jamais au-dessus de cinq shellings par acre. Cette redevance est rachetable au denier vingt ; ainsi, après sept années de jouissance, on peut devenir propriétaire incommutable de deux mille cinq cent soixante acres au prix fixe de six cent quarante livres sterling deux shellings, ou par une rente de trente-deux livres sterling au même capital. Les concessionnaires réclament vivement le droit de s’acquitter en nature.

Presque tous les végétaux utiles de l’Europe se sont facilement acclimatés sous le ciel pur de l’Australie ; plusieurs même y ont acquis des qualités nouvelles, et à peine en a-t-on vu quelques-uns dégénérer. Les tributs offerts par les tropiques ont obtenu moins de succès ; cependant le goyavier, l’ananas, le bananier et le cafier sont naturalisés dans la colonie, et la canne à sucre réussit vers le nord. La culture des orangers offre déjà des avantages réels, mais en général l’aspect de l’Australie confirme une observation morale depuis long-temps répétée. Une disposition innée porte l’homme expatrié à cultiver de préférence les végétaux qui lui rappellent la patrie ; c’était ainsi qu’au milieu de tous les trésors de la nature les conquérans de l’Amérique s’appliquaient surtout à acclimater les plantes qui leur rendaient