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L’ALABAMA ET LES FLORIDES.

s’avance sur l’ouverture, le magnolia, le laurier, le cyprès et le cèdre confondent leur feuillage. La vigne sauvage, après avoir étendu ses flexibles rameaux jusqu’au sommet des arbres, retombe en festons sur la fontaine. Des milliers de poissons jouissent en paix de cet asile retiré ; mais au moindre bruit, à l’arrivée du voyageur curieux, tous cherchent une retraite dans le gouffre impénétrable. Ces belles eaux, d’un azur clair, impriment cette même teinte aux objets qu’elles réfléchissent ; et, lorsque le soleil est perpendiculaire, elles agissent comme un prisme, et répandent sur les images qu’elles reproduisent les nuances de l’arc-en-ciel : en sortant du bassin, elles se réunissent aux eaux d’une autre source qui a certainement la même origine, et forment de suite une rivière navigable.

Nos voyageurs partirent le lendemain d’Hickeryhill, et après avoir traversé une sombre forêt, ils atteignirent la rivière de l’Apalachicola. Rien ne surpasse la fertilité des terres d’alluvion qu’elle arrose, et qu’elle inonde souvent vers la fin de l’hiver. Mais arrivés sur le rivage, ils ne trouvèrent ni bateau ni batelier. Le compagnon de l’évêque se jeta à la nage, et ayant traversé la rivière, qui a plus de 300 toises de largeur, il revint avec une barque, et tous deux passèrent heureusement à l’autre bord.

Après deux jours de marche ils arrivèrent à Talahassee, ville intermédiaire entre Pensacole et Saint-Augustin qui fut désignée en 1823 comme l’endroit le plus propre à devenir la capitale du territoire. Les terres de ce canton sont d’une fertilité prodigieuse dans un rayon de 8 à 10 lieues ; des lacs d’une assez grande étendue embellissent le pays, et fournissent d’excellent poisson et du gibier en abondance. Les