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HISTOIRE — PHILOSOPHIE.

Sur ces entrefaites on apprit aussi que la législature du Haut-Canada avait été brusquement dissoute, à la suite de démêlés survenus entre le gouvernement local et la maison d’assemblée.

Ce rapport, qualifié de vague par sir Georges Murray, dessilla les yeux du ministère anglais, et le décida à changer toute l’administration du Canada. Les deux gouverneurs, lord Dalhousie et sir P. Maitland, furent remplacés, le premier par sir James Kempt, alors gouverneur de la Nouvelle-Écosse, et l’autre par sir John Colborne.

Cette justice tardive rendue au Canada a déjà produit d’heureux fruits. Sir James Kempt, dont l’administration est bénie à la Nouvelle-Écosse, a accédé aux vœux des Canadiens : les procès de la presse et autres, intentés par l’esprit de parti, ont cessé. Lord Dalhousie ne nommait que ses créatures aux emplois publics ; le nouveau gouverneur y appelle des hommes capables, sans égard à leurs principes politiques. Il vient de choisir, pour juge de la cour du banc du roi, M. Vallière, un des chefs du parti populaire ; il a reconnu le principe constitutionnel, invoqué par l’assemblée, que tous les revenus publics doivent être soumis au contrôle de la législature provinciale. Il traite avec une prédilection marquée les membres de l’ancienne opposition ; lors de sa visite à Montréal, il accueillit avec une bienveillance toute particulière M. Papineau, président de l’assemblée, qui avait été en butte aux calomnies et à la persécution de l’administration de lord Dalhousie. Sa conduite, en un mot, est telle que le prescrit le comité : impartiale, conciliatrice et constitutionnelle.

Barker.