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LE CANADA.

communication de la dernière correspondance qui avait eu lieu entre le bureau des colonies et le gouvernement des Canada, « afin de savoir, disait-il, si on avait fait quelque chose pour ce pays, ou si les affaires en étaient toujours au même point. » Le secrétaire, sir Georges Murray, forcé de répondre, jeta tout le blâme sur le comité, qu’il complimenta néanmoins sur le zèle et le talent qu’il avait déployés dans son enquête. Il prétendit que son rapport était rédigé en termes tellement vagues, qu’il était difficile de le comprendre ; qu’il avait signalé certains griefs des habitans du Canada, et indiqué les moyens d’y remédier d’une manière si peu précise, que le gouvernement avait cru devoir suspendre son intervention, et enfin, qu’il avait conseillé des réformes, salutaires, il est vrai, mais dont l’exécution éprouvait de puissans obstacles. M. Murray pensait que le gouvernement devait s’immiscer le moins possible dans les affaires législatives du Canada, et, après d’autres observations générales, il déclara que le gouvernement anglais était disposé à écouter les plaintes fondées des colons, et à faire tout ce qui dépendrait de lui pour leur bien-être.

La nature des réclamations des Canadiens, l’importance politique et commerciale de leur pays pour la Grande-Bretagne, l’agitation qui y régnait par suite de l’impopularité des gouverneurs, agitation qui y pouvait dégénérer en révolte, et mener peut-être à une séparation, et l’influence toujours croissante qu’y exercent les États-Unis, dont le voisinage et la prospérité comparative ne doivent pas laisser d’inquiéter la métropole ; toutes ces considérations néanmoins devaient décider le gouvernement à prêter une attention plus sérieuse aux remontrances des habitans de cette colo-