Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.
371
TERRE-NEUVE.

Le printemps est accompagné de brumes et de pluies ; mais vers le commencement de juin, le changement est sensible, et depuis la moitié de juillet jusqu’à la fin d’août, les chaleurs sont généralement assez fortes pour qu’on prenne des habillemens d’été. Les nuits y sont superbes ; la clarté du ciel, l’air pur et serein, l’éclat de la lune, celui des étoiles, surtout celles à l’horizon, qui brillent comme des phares éloignés, forment un tableau difficile à décrire.

On ne peut se figurer une de ces superbes baies dans une de ces nuits si brillantes. Leur vaste surface est couverte alors de myriades de poissons de formes et de grandeurs différentes, tous occupés entre eux, les uns à poursuivre, les autres à fuir ; les noires et lisses baleines sortent de l’eau et replongent et leurs jets d’eau élevés retombent en étincelles phosphoriques ; les morues bondissent au-dessus des vagues, et réfléchissent l’éclat de la lune sur leur surface argentée ; les capelans fuient par bancs immenses vers le rivage, où ils vont chercher un refuge, et chaque vague qui se retire en laisse une multitude innombrable sautant sur le sable. C’est alors une proie facile pour les femmes et les enfans, qui recueillent avec des seaux ce précieux butin ; les pêcheurs en remplissent leurs bateaux pour l’appât des morues.

Le mois de septembre est le plus tempéré. Vers la moitié d’octobre, le temps devient frais et variable, et à la fin de ce mois, les pluies et les brumes ont déjà commencé à altérer l’état de l’atmosphère. Vers la moitié de décembre, la neige, la glace, les vents