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TERRE-NEUVE.

chasse, principalement de Saint-Jean. Les équipages réunis à tout ce qu’on peut se procurer d’hommes à terre, se mettent sur la glace sur deux rangs, les uns avec des haches ou de grandes scies, et les autres avec de grandes perches à la main. Après avoir marqué deux lignes séparées d’une grandeur suffisante pour que les bâtimens puissent y passer, ils coupent tout le long de la ligne, la glace en carrés, poussent ces carrés sous la glace solide avec leurs perches, ou les conduisent jusqu’à l’entrée, si elle n’est pas éloignée. Ce travail, qui est très-fatigant, se continue jusqu’à ce que le chemin soit ouvert jusqu’à la mer, et alors est formé un joli canal, qui semble noir foncé, par le contraste des glaces blanches qui l’environnent. On ne peut concevoir un plus grand degré de persévérance et d’intrépidité que n’en montrent, principalement dans cette occasion, les pêcheurs de la baie de la Conception. Après avoir surmonté les difficultés qui les empêchaient de sortir, et s’être élevés à la hauteur de l’île Baccalao, leur premier soin est d’atteindre une prairie de loups marins, en naviguant ou se coupant un canal à travers la glace. Une prairie est une longue étendue de glaces flottantes, qui a quelquefois plusieurs lieues de long. Les loups marins vont s’y reposer de temps en temps : quelquefois même ils viennent à terre. On les voit souvent rassemblés, surtout au moment où ils nourrissent leurs petits, en quantité innombrable, sur ces glaces flottantes et sur les rochers isolés. Le bâtiment étant entré