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VOYAGES.

lée, et jamais ailleurs que sur le lieu du supplice, où l’on a soin de tenir prêts pour l’assaisonner des citrons, du sel et du poivre ; on y ajoute souvent du riz. Jamais on ne boit du vin de palmier, ni d’autres liqueurs fortes dans ces repas ; quelques individus apportent avec eux des bambous creux, et les remplissent de sang qu’ils boivent. Le supplice doit toujours être public ; les hommes seuls y assistent, la chair humaine étant défendue aux femmes. Cependant on prétend que celles-ci s’en procurent de temps à autre à la dérobée. On m’a assuré que beaucoup de Battas préféraient la chair humaine à toute autre ; mais malgré ce goût prononcé, on n’a pas d’exemple qu’ils aient cherché à le satisfaire hors des cas où la loi le permet. Quelque révoltantes, quelque monstrueuses que puissent paraître ces exécutions, il n’en est pas moins vrai qu’elles sont le résultat des délibérations les plus calmes, et rarement l’effet d’une vengeance immédiate et particulière, excepté pourtant quand il s’agit de prisonniers de guerre. Je me suis assuré aussi que, lorsqu’elles avaient lieu, il n’y avait pas un seul homme ivre parmi les assistans. L’attachement des Battas pour les lois qui ordonnent ce supplice, est plus fort encore que celui des Musulmans pour le Koran. On a calculé qu’ils mangeaient, en temps de paix, de soixante à cent individus par an[1].

  1. « En Chine, il y avait autrefois des montagnards qui mangeaient de la chair humaine ; aujourd’hui même on accuse ceux de la province de Fokian d’avoir conservé cet usage barbare, mais seulement en temps de guerre. Quoiqu’en général les Chinois ne méritent pas le reproche d’être cannibales, leurs médecins les rendent quelquefois anthropophages en leur recommandant diverses parties du corps humain comme remèdes contre différentes maladies. Il y a environ trois ans qu’un jeune garçon fut assassiné à Macao, parce qu’on